QUI FAIT QUOI Le 18 février2019
Article rédigé par Frédéric Bouchard.
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Le cinéaste Noël Mitrani |
Cinquième long métrage de Noël Mitrani, « Cassy » est un film qui
s’est créé dans l’urgence. À peine venait-il de terminer l’écriture du
scénario que le réalisateur a cherché à mettre en images son film avec
comme point de départ une fillette de dix ans venant de perdre sa mère
et qui est confrontée à l’arrivée d’une femme prénommée Maya dans son
quotidien. Refaisant équipe avec sa fille Natacha Mitrani à la suite
d’« Après coup », qui campe ici le personnage-titre, le cinéaste avait
envie de redonner un rôle à cette enfant qui nourrit un rapport très
naturel à l’image et au jeu.
« Je voulais traiter du fait que cette petite fille ressente l’absence de sa mère et vit un conflit très fort avec son père, explique Noël Mitrani en entrevue avec Qui fait Quoi. Et puis, je voulais traiter d’harcèlement, mais pas directement comme sujet frontal. Par contre, j’ai voulu l’aborder de biais. Ça apparaît de manière inattendue. Aussi, tous les hommes et toutes les femmes se sentent concernés par ce sujet. »
À la réalisation, le cinéaste a voulu privilégier l’approche la plus naturelle possible. Ainsi, étant donné la sensibilité des sujets, le deuil et le harcèlement, il n’a remis aucun dialogue ni aucune précision de décors aux acteurs. Désirant éviter toute forme d’intellectualisation de leur part, il a ainsi imaginé les répliques quelques minutes avant que la caméra ne roule.
« Ce n’est pas de l’improvisation, assure-t-il. J’ai travaillé dans une concentration telle que je savais exactement ce que je voulais et j’ai tourné dans l’ordre du film. Parce que je me disais qu’on pouvait construire le film avec les comédiens à mesure que l’on avance. Ce qui fait que les dialogues étaient toujours justes parce qu’on savait ce que l’on avait fait et on n’était pas complètement déconstruit dans notre tête. »
À la direction photo, Noël Mitrani a collaboré pour la toute première fois avec André Paul Therrien, un habitué des documentaires « en coulisses » produits par les studios américains. La consigne qu’il a donnée à son collègue était de proposer une belle image, certes, captée en lumière naturelle, mais où sont favorisés les acteurs et les situations de jeu. « Les acteurs décidaient du déplacement et non pas la caméra. Ils se déplacent organiquement à l’endroit où ils ont besoin d’aller et André Paul devait les suivre, toujours avec un petit temps de retard », précise le réalisateur.
Portant également le chapeau de producteur, il n’a pas tenté sa chance auprès des institutions pour obtenir du financement. Voulant à tout prix que son projet se concrétise, et ce, rapidement, le cinéaste n’a voulu faire aucun compromis créatif et a cherché à profiter d’une liberté absolue. « C’est un film qui vient des tripes et qui est tellement personnel. Aucune personne n’est intervenue sur le contenu. Ce film est ce que j’ai voulu qu’il soit », insiste-t-il.
D’ailleurs, Noël Mitrani ne préfère faire aucune distinction entre ses différents rôles lorsqu’il aborde un projet comme « Cassy ». Ici accessoiriste, directeur artistique et scripte, il estime que ces postes représentent également une forme d’écriture. « Chaque chose qui apparaît à l’image je l’ai désirée personnellement sans avoir à la transmettre à quelqu’un. C’est une oeuvre totale. C’est ça un vrai film d’auteur », déclare-t-il.
Natacha Mitrani dans Cassy |
« Cassy » est présenté en première québécoise le samedi 23 février à 11h à la Cinémathèque québécoise.
RVQC : «Cassy», l'oeuvre totale de Noël Mitrani
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