"La direction d'acteur n'existe pas", disait Chabrol. C'est d'autant plus vrai qu'un réalisateur est un auteur. Plus un cinéaste a "quelque chose à dire", moins il dirige. Woody Allen est paraît-il muet comme une carpe sur un tournage! La direction d'acteur, quand elle s'affiche, consiste à combler le vide entre un scénario creux et un acteur embarrassé par ce qu'on lui demande de jouer.
Si le propos est personnel, sincère, ou pertinent, au mieux le réalisateur indique, ajuste, réajuste, mais il ne dirige pas. L'acteur adsorbe la personnalité du réalisateur, puis il s'aligne sur son niveau de profondeur. L'acteur joue la partition telle qu'il soupçonne qu'elle conviendra au réalisateur. Si le réalisateur est superficiel, l'acteur aura tendance à l'être dans sa performance. Si le réalisateur démontre une intériorité, l'acteur sera profond. Si le réalisateur délivre des indications stéréotypées, l'acteur jouera de façon bouffonne, et aura tendance à surjouer.
L'intelligence de l'acteur consiste à évaluer le réalisateur en tant que personne car toute son interprétation en découlera. Si le réalisateur est fade, sans tempérament, l'acteur se réfugie alors dans sa technique, il fait son métier, il se protège plus qu'il ne joue, il évite d'être ridicule dans une production qui risque d'être médiocre.
-Noël Mitrani
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