Fabienne Galula et Sacha Bourdo dans After Shave de Noël Mitrani
Des chutes de pellicule 16mm
récupérées à France 2, une autorisation de tournage dans une grande surface de
la banlieue parisienne, l’accord du trépidant Sacha Bourdo qui venait de
briller dans Western de Manuel
Poirier et voilà le premier court-métrage de Noël Mitrani sur les rails.
Mitrani, qui s’essayait jusque-là à l’écriture de scénario, décide de se jeter dans
la mise-en-scène sur la recommandation de son ami réalisateur Michael Donio,
qui pour l’occasion lui confie l’intégralité de son équipe technique, à
commencer par le talentueux directeur photo Christophe Debraize-Bois. Le
tournage en conditions réelles dans un supermarché est d’autant plus rock’n’roll que Mitrani a trouvé le moyen deux jours plus tôt de se briser le
genou en glissant sur un trottoir enneigé du Boulevard Saint-Michel. C’est donc un
réalisateur en herbe juché sur desbéquilles qui s’adonne à sa première réalisation. Le scénario est
simple, drôle, un brin pathétique : un marginal gagne sa vie en dégotant
l’article le plus couteux dans le caddie d’une cliente pour ensuite le lui
revendre sur le parking après l’avoir volé au préalable. La cliente en butte à
un dilemme morale ne peut résister à la tentation de payer un sèche-cheveux 30%
moins cher! Bien sûr ce petit manège finit par être repéré par un vigile aux
méthodes de cow-boy… L’enchaînement des situations fonctionne à merveille. Le
jeu des acteurs est tout en caricature mais l’effet comique est imparable. Et nous
avons droit à une scène de fin délicieusement pathétique dans laquelle une
bourgeoise jouée par Fabienne Galula s’humilie devant notre marginal dont elle
espère partager des ébats furtifs. Pour une première réalisation, Mitrani s’en
sort bien, il récolte une diffusion sur Canal+ et une critique assassine dans
Télérama.
Retrouver l'entretien complet sur Vimeo: https://vimeo.com/152822717 Dans cette entrevue, Noël Mitrani, réalisateur et scénariste, nous parle de son dernier film le Militaire sorti en 2014 et retrace son parcours de cinéaste.
Sybille Claudel et Tony Gaultier dans le court-métrage Viol à la tire.
Elle est belle, entreprenante, vaguement désaxée, et elle n’a qu’un but :
avoir un rapport sexuel par tous les moyens. Aux aguets dans un parking
souterrain désert, elle jette son dévolu sur ce qu’on devine être un petit
employé de bureau qui termine sa journée de travail. Il est grassouillet,
maladroit et surgit dans l’image au son d’une musique grotesque. Il monte dans
sa DS, il recule, elle apparaît dans le cadre de la vitre, un fusil braqué dans
sa direction, il n’a pas le choix, il sort de son véhicule, il se déshabille,
elle s’allonge sur le ciment, écarte les jambes et exige un rapport qu’il est incapable de lui donner. La situation
s’enlise, il s’enfonce dans l’impuissance, elle se désespère… mais elle insiste.
Avec ce court-métrage tourné en quatre jours dans un parking souterrain en
construction situé dans le quartier République, Noël Mitrani affirme sa volonté
de surprendre le spectateur avec un postulat provocateur : une femme tente
de violer un homme. Cette farce
pathétique est superbement filmée, on s’amuse
à contempler Tony Gaultier qui touche le fond de la médiocrité et on s’apitoie sur
Sybille Claudel dont la froideur agit comme un repoussoir.
Damien Pilar, critique parue dans le catalogue du Festival du court-métrage de Courteville, mai 2001.